Noël en juillet
Cette pandémie est révélatrice de l’état de notre société et de notre niveau de résistance face à la frustration.
Qu’est-ce qu’un séjour au ski, une fête de famille, dans une vie ?
On a le choix entre risquer de mourir du Covid-19 ou de faire mourir les autres, à commencer par les plus fragiles d’entre nous, et de renoncer à des vacances ou différer une réunion familiale.
Et certains hésitent encore !
Les 24 et 25 décembre, 31 décembre ou 1er janvier, sont du point de vue de la nature, des journées comme les autres. Le soleil se lèvera, il se couchera.
Il y a simplement un jour quelqu’un, quelque part, qui a décidé que le 25 décembre serait un jour de fête pour célébrer la naissance du Christ (qui s’en contrefiche de savoir si on le fête le 25 décembre, qui ne correspond d’ailleurs pas au jour exact de sa naissance, ou le 16 juin). Puis d’autres personnes, ailleurs, ont décidé qu’il n’y avait pas de raison pour que seuls les enfants des chrétiens aient des cadeaux ce jour-là, et qui ont eu l’idée du Père Noël. Puis d’autres plus récemment se sont dit qu’avant Noël ce serait super d’avoir des « black fridays » et autre semaines promotionnelles pour que tout le monde consomme à outrance.
Il y a eu aussi un jour quelqu’un qui a décidé que le 1er janvier serait le premier jour de l’année, et d’autres qui se sont dit que ce ne serait pas mal de faire la fête la veille pour marquer le passage à la nouvelle année, et se souhaiter plein de choses genre la santé et le bonheur en 2020, avec le succès que l’on voit…
Mais quand on prend du recul, l’on s’aperçoit qu’il s’agit juste de codes sociétaux.
Face à un péril mortel, peut-être pourrions-nous en faire l’économie, simplement une fois dans notre vie ? Et se retrouver dans une cellule familiale « de base », sans tonton René ou tata Suzette que nous verrons « plus tard », quand tout ira mieux ? Et alors, à ce moment plus proche qu’on ne le pense mais suffisamment éloigné des risques sanitaires, se taper un bon gueuleton et danser avec eux, si vraiment il ne nous est moralement pas possible de zapper un Noël ou un nouvel an sans faire la bamboche ?
Quant aux vacances au ski, vous vous ferez une raison, et vous irez vous casser la jambe un autre jour. Vous trouverez bien un endroit avec de la neige en février ou à Pâques, et même si vous n’en trouvez pas, ce ne sera pas un drame.
Ce qui le sera en revanche, c’est si, parce que nous serions devenus à ce point asservis à nos coutumes, nos us, nos codes et à la société de consommation, nous nous entêtions à faire « comme d’habitude » et à feindre ignorer l’existence d’une pandémie.
Sauf que quand on met la tête dans le sable, on a toujours le cul à l’extérieur (proverbe autruchien).
Joyeux Covid à tous.