L’avocat presse-bouton
« Bonjour, d’ordinaire je suis chirugien orthopédique mais pour arrondir mes fins de mois, j’ai accepté d’opérer un patient atteint d’une tumeur au cerveau. Ne sachant comment faire, un Confrère peut-il me donner des tuyaux ? »
Cela vous choque ? Vous n’auriez pas confiance en un tel chirurgien (et vous auriez raison)?
Je suis tout autant choqué par mes Confrères avocats qui, sur des groupes Facebook dédiés, demandent aux autres s’ils n’auraient pas un modèle d’assignation au commerce ou s’ils savent comment engager un référé d’heure à heure…
Mais, chers Confrères, quand on ne sait pas faire, on ne prend pas l’affaire ! N’oubliez pas que, si pour vous c’est juste un dossier de plus, pour le Justiciable que vous êtes censés défendre, c’est souvent le dossier de sa vie !!
Alors, par respect pour les clients, nous n’avons pas le droit de mettre le cerveau sur « off » quand nous traitons leurs dossiers. Nous n’avons pas à céder à la facilité de rechercher un modèle sur internet ou de demander à « un pote qui l’a déjà fait ». Nous valons mieux que des presse-bouton tout juste bons à compléter des modèles et à boucher des trous dans des cases, avec les données personnelles de nos clients. Nous n’avons tout de même pas fait plus de 5 ans d’études, parfois 7 voire 10, pour nous auto-limiter à cela.
Bien entendu je ne suis pas un vieux ronchon qui exclut que l’on puisse demander ponctuellement à un Confrère ami, ce qu’il pense de l’un de nos dossiers complexes, et s’il partage notre stratégie. Parfois un oeil neuf et extérieur au dossier, peut se révéler utile.
Mais j’adresse ici de chaleureuses pensées à ce Confrère qui, me demandant conseil pour l’un de ses dossiers pour lequel il n’y connaissait rien, et alors que je lui prêtais un bel ouvrage spécialisé où la solution se trouvait, me répondit benoîtement « si je te demande, ce n’est pas pour devoir chercher moi-même ! ». Pensées également à cet autre Confrère qui m’indiqua une voie procédurale et qui, apprenant que ma requête avait été jugée irrecevable, commenta sobrement : « ah tiens oui, cela semble logique !! » Qu’il en soit remercié. Il m’a vacciné, à tout jamais, du bouche-à-oreille pour traiter un dossier.