Reviens, qu’on re-divorce !
Mon chéri,
Déjà presque un an que tu n’es plus là. Que nous nous sommes séparés, certes bons amis.
Mon chéri, cela me coûte de te l’avouer, mais sache-le : tu me manques.
Tout était tellement plus simple avec toi.
Nous nous sommes quittés à cause de toi : je n’arrivais pas à te voir avant au moins six mois, tant tu étais débordé, accaparé par ton travail.
Alors j’ai cru que je pourrais me passer de toi, et je suis allé voir ailleurs.
Que n’ai-je fait là !
Quand nous n’étions bien souvent que toi et moi, me voilà condamné à faire ménage à trois ; avec parfois des partenaires que je n’ai même pas choisis.
Là où tu étais gratuit, je connais des relations tarifées.
Mais surtout, surtout, alors que tu avais la délicatesse de m’appeler quand ça n’allait pas, pour m’éviter une scène en public et une humiliation, et que tout s’arrange ; alors que tu te montrais bien compréhensif, tolérant, « cool », force m’est de constater, que tel n’est absolument pas le cas du Maître qui t’a remplacé.
Car oui, il exige qu’on l’appelle « Maître ». Il entend tout diriger dans nos rapports. Et bon dieu, qu’est-ce qu’il est exigeant !
Il m’impose de ces choses, si tu savais…
Avec lui, les enfants exercent le métier d’ « écolier », et si je ne l’écris pas quand je les évoque, il se refuse à moi, en me disant : « c’est nul ».
Avec lui, il faut que je dise non seulement qui je suis, mais aussi que je détaille sous quelle forme j’exerce mes talents. Il en va de même pour le second partenaire qui m’est imposé. Nous devons de plus, lui certifier que nous ne sommes pas en couple officiel ensemble ! Sinon, il refuse de s’accoupler avec nous et nous dit : « c’est nul ».
Avec lui, il faut même prévoir de justifier de choses qui ne servent à rien, alors que tout le monde est d’accord. Genre on choisit d’aller à la mer, mais il faut tout de même indiquer expressément qu’on a renoncé aux vacances en montagne et qu’on était bien conscients des avantages que cela présentait, que l’on a donné notre consentement éclairé. On se demande bien à quoi ça sert, vu qu’on est tous d’accord à priori pour la mer et pour tout, d’ailleurs. Mais « sait-on jamais », des fois qu’il y en ait un qui dise « finalement j’aurais su j’aurais pris la montagne »…
Il m’a imposé de prendre dans mes affaires une doudoune sur la Côte d’Azur en plein été parce que sinon il ne partait pas, et nous non plus ! Une doudoune !! Il a dit « je sais, ça a l’air inutile comme ça, mais même si on part à la mer, on pourra dire qu’on était parés à toute éventualité ! »
Même les enfants ont leur mot à dire avec lui dans nos décisions de couple ! Il exige d’eux qu’ils signent un papier selon lequel ils sont bien au courant de ce qu’on fait, et qu’ils renoncent à venir t’en parler, à toi, mon ex !
Ce Maître est un vrai tyran.
En plus il pousse la perversité jusqu’à te révéler que tu n’as pas fait comme il a voulu, 15 jours après que tu lui aies soumis ton projet, alors qu’il est trop tard pour changer de lieu de vacances, il faut tout reprendre à zéro…et tu te tapes la honte auprès des amis que tu lui as présentés, à qui il faut expliquer que Môssieur sait mieux que tout le monde, que c’est LE Maître, que c’est lui qui décide, et que s’il fait sa mauvaise tête et qu’on ne se plie pas à ses exigences, alors on ne partira jamais, parce que c’est lui qui conduit, qui confirme les réservations et qui enregistre les bagages à l’aéroport…
En fait, je le vois bien, son petit manège, au Maître. Il veut m’humilier devant les gens, pour tout ramener à lui, pour qu’ils se disent qu’il vaut mieux que nous, qu’il est sérieux, et qu’au final, ils veulent se passer de moi pour ne prendre que lui.
Pour toutes ces raisons, je te le redis : juge aux affaires familiales, mon amour, reviens. Je t’aime.
Et toi, comment tu vas ?
Dis, tu me pardonnes ?
Je te manque ?
J’ai envie de toi.