« Mon fils, il est gentil »

5 septembre 0 Commentaire Catégorie: Non classé

Pauvres gens.

Ils n’avaient rien demandé à personne, et surtout pas de faire la une de l’actualité.

Cela a commencé par des infos diffusées en boucle sur les stations de radio et les chaines de télé : une petite fille de 9 ans, Maelÿs, a disparu au cours d’un mariage, on craint un enlèvement, pire encore. Sa photo s’affiche sur les écrans, partout.

Ils ont naturellement pensé à l’angoisse des parents, ils se sont mis à leur place, ils les ont plaints. Ce d’autant plus que c’est arrivé près de chez eux.

Puis ils ont appris que leur fils, leur frère, était au mariage où cela s’est passé. Ils ne s’en sont sentis que plus proches des parents de la petite. Ils ont questionné : « comment est-ce possible ? Tu l’as vue, la petite, tu as parlé avec elle ? Tu n’as pas vu quelqu’un l’emmener ? Si c’est pas malheureux… »

Ensuite, il a été entendu par les gendarmes, comme « tout le monde » -comprendre : ceux qui étaient présents sur les lieux ce soir-là.

Ils lui ont demandé, à leur fils, à leur frère : « alors, qu’est-ce qu’ils t’ont dit ? Comment ça s’est passé ? »

Enfin, le choc. Un appel de la gendarmerie. « Madame, votre fils a été placé en garde à vue, il a demandé à ce que vous soyez prévenue en tant que membre de la famille ».

Pauvres gens. Les voilà abasourdis, à se répéter en boucle « mais non, pas lui, ce n’est pas possible ! »

Et puis il a été libéré, sans charges. Ils ont été rassurés. Ils l’ont dit, aux voisins, aux amis : « on vous l’avait bien dit qu’il était innocent ! Il ne suffit pas de s’absenter pour changer de short taché, ou de laver sa voiture après les faits, pour être coupable ! »

Pauvres gens. C’était l’œil du cyclone, le calme avant un nouveau déchainement des vents mauvais, violents. Les gendarmes sont revenus le chercher, à moins qu’ils ne l’aient convoqué, nul ne le sait très bien. Mais il a vu un juge. Qui l’a mis en examen pour enlèvement et séquestration de mineure. Un autre juge l’a placé en détention provisoire. Ils ne comprennent pas. On leur parle d’analyse scientifique, d’un ADN qui « a parlé » : Maelÿs était dans SA voiture. Ce qui ne prouve rien, à ce stade de l’enquête.

Pauvres gens. La tempête se déchaine sur lui, mais également sur eux. Leurs téléphones n’arrêtent plus de sonner. Des journalistes ; qui veulent savoir ce qu’ils en pensent, les interviewer. Et eux, pris comme des lapins dans la lumière des phares, pensent que c’est bien pour lui, de dire qu’on le sait innocent. Surtout quand tout le monde l’accuse, il faut bien le défendre.

Alors ils le disent avec leurs mots à eux. Ils n’ont pas l’habitude des micros, de causer dans le poste. Sans se douter que leurs maladresses leur reviendront dans la figure comme un boomerang si l’enquête devait déboucher sur des preuves plus tangibles et accablantes à l’encontre de leur cher protégé.

La mère déclare sur RTL : « Mon fils est incapable de faire cela, ce n’est pas un monstre si c’est un monstre je le renie,  il a juste fait deux-trois petites bêtises avec la Justice » (Personnellement je n’appelle pas cela des bêtises, mais des délits : ce n’est pas un enfant qui a mangé tout le chocolat !)

Europe 1, qui s’est fait griller la politesse par sa consoeur pour le témoignage de la mère, se rabat sur le frère. Qui déclare : « il est innocent à 100000 % » (et pourquoi pas à un million tant qu’il y est ?)

Ces « témoignages » dits de « personnalité » n’apportent strictement rien à l’affaire. Bien entendu, les proches qui n’ont pas assisté au mariage, croient le fils, le frère, innocent, et le clament quand on leur demande. Il faudrait ne pas avoir le sens de la famille, ou être un sacré salaud, pour « charger » celui qui, même mis en examen, même en détention provisoire, reste présumé innocent. Surtout quand on n’a soi-même, rien vu.

Pire, ces « témoignages » ne font qu’attiser la colère contre le mis en examen, en l’étendant à ses proches. Quand une petite fille est portée disparue, l’avis de la famille du suspect, est forcément maladroit et mal venu. Il n’est pas audible par la famille de Maelÿs.

La Justice ne se rend pas dans les médias, mais sereinement, dans un cabinet de juge d’instruction puis le cas échéant à l’audience.

Ces pauvres gens ont des excuses. Ils ont cru « bien faire ». Ils sont pris dans un tourbillon. Mais vous, journalistes, vous n’avez aucune excuse. Vous savez ce que vous faites. Vous savez que leurs interviews « exclusives » n’apporteront rien à l’enquête si ce n’est davantage de fureur et moins de sérénité.

Contrairement à ces pauvres bougres qui croient lancer une bouée à leur proche qui se noie, mais l’assomment avec…

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