RIP Liberté, Egalité, Fraternité – il suffira d’une étincelle

24 août 0 Commentaire Catégorie: Non classé

Plus rien ne sera jamais comme avant.

 Et c’est en cela que les terroristes ont –déjà- gagné.

Le terrorisme se définit par un « Ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système ».

 En l’occurrence, les attentats de ces derniers mois, revendiqués par Daech / Isis / l’Etat Islamique, n’ont pas seulement pour but de dissuader la France d’intervenir militairement au Mali ou ailleurs, ou de satisfaire une haine à l’égard de ce pays ou de son mode de vie. Ils poursuivent l’objectif, au-delà du simple message, de nous pourrir la vie jusqu’à la transformer radicalement. De faire en sorte que cette Liberté, cette Egalité, cette Fraternité, que cette organisation honnit, n’aient plus droit de cité sur notre territoire.

 Ce but est en passe d’être atteint.

Notre Liberté est mise à mal quand nous vivons sous le régime de l’Etat d’urgence, de dispositions d’exception, permettant des perquisitions administratives à toute heure, des assignations à résidence hors contrôle préalable d’un juge.

 Une enquête menée par Amnesty International a conduit aux constats suivants:

« 

  • les mesures d’urgence sont mentionnées de manière vague, ce qui laisse un champ d’application beaucoup trop large aux administrations (Préfet, police…) chargées de les mettre en œuvre. Dès lors, le risque de mesures prises arbitrairement est extrêmement élevé.
  • l’application de ces mesures d’urgence est disproportionnée par rapport aux objectifs fixés.
  • les autorités ont utilisés des mesures d’urgence à des fins autres que celles qui motivaient initialement l’état d’urgence.
  • certaines mesures d’urgence ont été prises sur des bases discriminatoires. »

 

L’un de mes clients s’est ainsi vu perquisitionné à 4 heures du matin; sa porte a été enfoncée; son père octogénaire, plaqué au sol et brutalisé alors qu’il n’opposait aucune résistance. Le motif de la perquisition était un projet d’attentat qu’il aurait fomenté avec ses frères, au cours d’une réunion tenue un jour où…il ne pouvait pas être à l’endroit supposé. Aucun document, aucun tract, aucune arme, aucun plan n’ont été saisis à cette occasion. Il n’a pas été mis en examen pour motif terroriste, ses frères pas davantage. Leurs ordinateurs, saisis pour être analysés, leur ont même été restitués…voilà sans doute l’un des projets d’attentat déjoués au mois d’août dont se vantait Monsieur Cazeneuve…

 

Nos libertés d’aller et venir (idée de rétablir les frontières au sein de l’Union Européenne), d’écouter de la musique en concert, d’admirer un feu d’artifice, d’applaudir les avions de la Patrouille de France à Marseille…sont mises à mal quand elles ne sont pas simplement, supprimées au nom du « principe de précaution ». Récemment, même notre liberté de nous habiller sur une plage a été contestée par la verbalisation d’une femme portant un simple foulard, sans parler des « burkinis » interdits purement et simplement par arrêtés municipaux.

 

L’égalité, déjà bien théorique, entre les citoyens, s’est vue porter le coup de grâce.

Qui osera dire que les contrôles d’identité ne se font pas au faciès ? Avec la bénédiction du « bon peuple » ainsi « rassuré » et n’y trouvant rien à redire…

Qui se souciera du sort des jeunes –et moins jeunes- issus de l’immigration, pour qui trouver un emploi s’apparentait déjà à la quête du graal, et dont les chances d’être embauchés ne se réduisent que davantage quand la suspicion règne ?

Nous en sommes à envisager des « tests de radicalisation » auprès des collégiens, à quand à l’embauche –voire en cours de contrat !- dans les entreprises privées ?

Déjà, j’ai pu lire des fiches rédigées par des salariés du SPIP- le Service de Probation et d’Insertion Pénitentiaire- au-sujet de détenus, indiquant « n’a pas fait le ramadan »…qu’est-ce à dire ?! Ecrira t’-on d’un détenu chrétien qu’il n’a pas fait carême ou qu’il mange du poisson tous les vendredis ?

 

La Fraternité, enfin, a sacrément pris du plomb dans l’aile.

Nous vivons dans la peur constante d’un attentat, au point de regarder de travers, toute personne portant foulard ou djellaba, voyant en elle, un terroriste potentiel.

Et ces gens se sentant stigmatisés, adoptent parfois une attitude de repli communautaire. Ainsi, jamais aucun « burkini » n’avait été constaté sur les plages de Nice ou de Cannes…avant que la municipalité ne prenne un arrêté pour les interdire. Un vêtement de bain couvrant, est devenu un symbole d’affirmation de sa différence dans un contexte de tensions.

 A Antibes, de simples pétards lancés par des idiots ont suffi à créer un mouvement massif de panique.

Désormais, des gendarmes sont à la sortie des églises, les enfants apprennent dès la maternelle à se protéger en cas d’intrusion, les forces de l’Ordre sortent armées même hors service. Un officier de gendarmerie me confiait ce matin, qu’autorisation leur avait été donnée de faire usage de leurs armes, même hors cas de légitime défense.

Désormais, n’importe quel dingo désireux d’attirer l’attention sur lui a trouvé comment avoir son quart d’heure warholien: en sus d’agresser gratuitement ses concitoyens, il est garanti de se faire le « grand frisson » et la une du 20 heures. Il lui suffit, en perpétrant son agression, de crier « allahou akhbar », fut-il autant religieux que je suis évêque.

 Au nom de la sécurité, nous avons troqué notre liberté, notre égalité, notre fraternité, contre de la méfiance.

 Il n’est pas certain que nous y ayions gagné au change.

Car quand on commence à se méfier de son voisin, il suffit d’une étincelle pour que les fusils soient sortis.

C’est un peu comme cela que la guerre civile a commencé.

Au Liban.

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