Panne décence

Comment réagiriez-vous, si vous appreniez que votre enfant, la chair de votre chair, est devenu un terroriste et a été abattu alors qu’il commettait un attentat ?

Etre du même sang implique t’il de défendre sa progéniture, quoi qu’elle ait fait ?

La question se doit d’être posée, alors que l’actualité fait se télescoper deux informations :

Aujourd’hui, le père de Tarek Belgacem, l’assaillant du commissariat de Barbès, accuse la police d’homicide volontaire et envisage de porter plainte pour ce motif. Selon lui, les policiers auraient surréagi à l’attaque de son fils muni d’un hachoir et porteur d’une ceinture d’explosifs qui s’est révélée après coup, factice; ils auraient pu tirer dans les jambes pour le neutraliser.

Ce même jour, nous apprenons que la famille d’Hasna Aït Boulhacen, morte dans l’assaut de Saint-Denis, porte plainte pour la voir reconnaître comme victime d’acte de terrorisme. Elle estime en effet que celle-ci, cousine d’Abdelhamid Abaaoud, n’avait fait qu’apporter de la logistique et se trouvait sous la coupe du terroriste. Elle aurait été tuée par la déflagration de la ceinture déclenchée par un kamikaze sur place, ce qui en ferait donc une victime du terrorisme, au même titre que les personnes tuées au Bataclan ou aux terrasses de cafés.

 Or d’aucuns  trouvent des excuses à ces démarches indécentes, en disant « c’est normal, c’est la douleur de la famille »…

 Eh bien non ce n’est pas normal !

 Le père d’un terroriste palestinien, auteur d’un attentat, nous l’a démontré en signalant que le terroriste vu sur les vidéo surveillances diffusées à la télé israelienne, était son fils. Il savait qu’il risquait de se faire abattre si on le retrouvait, ce qui est d’ailleurs arrivé. Mais ce père a eu la dignité de ne pas cautionner l’incautionnable et de dire « je ne me reconnais pas dans ces actes »

 Vous noterez que je parle de « signalement » et non de « dénonciation », mot à connotation péjorative, qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire. C’est une question de valeurs: oui, il est de notre devoir moral de signaler des terroristes et de s’en démarquer clairement plutôt que de tout cautionner au nom des liens du sang.

 Réagir comme un père ou une mère, n’est pas incompatible avec le fait de réagir en citoyen.

 Mon fils, ma fille, sachez-le: si un jour vous vous radicalisez, je vous signalerai. Si vous passez à l’acte, je vous renierai. Et si la maîtresse vous punit à juste raison, je la soutiendrai contre vous et vous punirai également, à la maison.

 Parce qu’être la chair de ma chair, le sang de mon sang, ne constituera jamais un alibi ni une excuse, à tout et n’importe quoi.

 Parce que ce n’est certes pas vous aider dans la vie, que de cautionner aveuglément toutes vos conneries, en prenant systématiquement votre parti.

 Parce qu’au-dessus de nos liens familiaux, il y a des principes et des valeurs.

J’ose espérer que notre Justice ne se contentera pas de classer frileusement « sans suite » les plaintes des familles de terroristes avérés, mais aura le courage de poursuivre les plaignants, au pénal, pour plaintes abusives. Histoire de remettre les idées en place, d’appeler un chat un chat, et un terroriste, un terroriste.