Ce soir, je pleure.
Ce soir je pleure
Je pleure des policiers morts en mission, dont l’un lâchement achevé d’une balle en pleine tête. Ahmed aujourd’hui comme Abel hier victime de Merah, entre autres, viennent comme un symbole nous dire que nos frères musulmans paient eux aussi leur lourd tribut à ces salopards qui se réclament de leur religion alors qu’ils la salissent de la bave répugnante de leur écume de haine.
Je pleure un économiste chroniqueur de France Inter, un journaliste de presse quotidienne régionale…
Je pleure quatre caricaturistes.
Je pleure 12 personnes, en fait.
Ce soir, je pleure et je suis orphelin.
Je suis orphelin de la grande Duduche, de mon beauf, de l’adjudant Kronembourg…Je suis de la génération Récré A2 puis Club Dorothée. Je perds un papa.
Je suis orphelin de petits bonshommes jaunes tels les Simpsons.
Je suis orphelin de ces dessins osés qui permirent mes premiers émois d’adolescent et les pages s’en souviennent.
Je suis orphelin de ces personnages à nez et bedaine proéminents.
Ce soir je suis orphelin et j’enrage
J’enrage devant l’obscurantisme qui pousse à répondre par la mitraillette à de bien innocents dessins.
J’enrage de tous ceux qui se frottent les mains tels des vautours face aux cadavres, qu’ils foulent déjà aux pieds pour servir de piédestal à leurs appels aux amalgames et à la haine.
J’enrage de lire ces commentaires abjects, qui se réjouissent ouvertement de ce qui est arrivé, sur l’air d’ « ils l’avaient bien cherché » ou encore « qui sème le vent récolte la tempête ».
J’enrage que l’on trouve des « excuses » ou à tout le moins des explications à ces expressions ignobles : « c’est le fait d’une minorité de gamins stupides et écervelés… »
- la stupidité n’est jamais une excuse
- la jeunesse des auteurs n’en est que plus inquiétante. que voilà encore de la bonne chair à canon pour Daech, al quaida et consorts…
- la minorité n’est pas davantage rassurante. Les terroristes n’étaient que trois. Et ils ont atteint 60 millions de personnes.
J’enrage de tous ces cons qui croient que l’on doit laisser ces ignobles personnages, se réjouir ouvertement d’un attentat et de 12 morts, au nom de leur « liberté d’expression ».
Liberté d’expression, mon cul !
C’est là placer bien bas le curseur de la Liberté.
Il n’existe pas de police de la pensée a priori. Nous ne sommes pas dans l’univers de « Minority Report ». En ce sens, l’on est « libre » de proférer un message de haine comme on est « libre » de tuer ». C’est a posteriori que l’on se fait sanctionner.
Mais il m’apparaît aujourd’hui plus que jamais, sain de rappeler que l’on ne peut pas tout dire ni tout faire
- que l’appel à la haine, à la violence, l’apologie du terrorisme, la provocation à commettre des crimes et des délits, l’apologie des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, peuvent être punis jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
- qu’est punie de la même peine la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.
- que les propos négationnistes font eux aussi l’objet de sanctions. Ainsi, il est prévu que la contestation de l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité peut être punie d’un emprisonnement d’un an et/ou d’une amende de 45 000 euros.
- Que les tribunaux ont déjà été conduits à condamner les auteurs de tels délits commis sur internet.
Alors oui vous »pourrez » toujours exprimer ce genre de propos.
Mais votre liberté « d’expression » en tant que telle vous privera de liberté tout court
Liberté, que de crimes l’on commet en ton nom ! que de délits aussi.
En voulant protéger l’apologie des actes de ce soir, au nom de la liberté d’expression, on salit la Liberté elle-même.
En espérant que d’aucuns qui trouvaient choquant autant que les actes de terrorisme, d’empêcher les cons de s’en réjouir, sortiront de cette lecture, un peu plus éclairés, pour ne pas écrire, un peu moins cons.
En attendant, ce soir, je pleure.