Mort d’un ange

2 janvier 0 Commentaire Catégorie: Non classé

Il s’appelait Lorenzo. Il n’a rien demandé à personne, et surtout pas à naître ni à vivre. Il est mort de faim et de soif, au bout de 5 jours d’abandon. Agé d’à peine dix mois.

Cela se passe aujourd’hui, en France. Oui dans notre beau pays, qui se targue d’être à l’origine de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et de la Charte des Droits de l’Enfant. Dans une France au système d’accompagnement social incomparable, que le Monde nous envie, un nourrisson de 10 mois peut encore, mourir de faim et de soif, seul dans un appartement vide.

Sa mère était hospitalisée pour une overdose. Son père était parti du domicile parental suite à une dispute.

Le calvaire de Lorenzo, petit ange innocent, ne doit pas rester vain. Qu’il serve au moins, à une prise de conscience collective, de problèmes de société trop souvent laissés sous le boisseau. Tabous. Dont personne n’ose traiter et que l’on préfère enfouir, telle de la poussière balayée vite-fait sous le tapis en espérant qu’elle ne se verra pas trop.

Le premier de ces problèmes de société, est celui du libre accès à la parentalité. Sauf exceptions médicales, tout le monde a la possibilité de faire un enfant. Mais tout le monde n’a pas les capacités psychologiques, physiques, morales et financières, d’assumer pareille responsabilité.

Faire un enfant, c’est l’expression de la liberté suprême de tout un chacun: celui du pouvoir de donner la Vie. Mais compte tenu du caractère sacré de celle-ci, le don de la Vie, doit être un acte conscient, réfléchi. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Dans notre société égocentrée et de consommation effrénée, l’enfant n’est pas considéré comme un sujet, mais comme un objet de désir, au même titre que le chien, la voiture, la maison. On parle souvent d’un droit A l’enfant, mais bien peu du droit DE l’enfant.

A cet égard, il est frappant de constater que Lorenzo avait un frère, de 3 ans son aîné, déjà retiré à des parents dépassés et incapable d‘en assurer l‘éducation, pour être placé en foyer d‘accueil. Ce qui n’a pas empêché ses parents de concevoir un autre enfant, à peine un an et demi après la naissance du premier.

La naissance de Lorenzo dans ces conditions, consacre la faillite des institutions, notamment du planning familial qui n’a pas su faire comprendre à ce couple de toxicomanes à la dérive, qu’il valait peut-être mieux éviter de concevoir un second enfant quand on n’est déjà pas capables d’assumer l’entretien et l’éducation du premier.

La naissance de Lorenzo consacre également la faillite de l’éducation à la parentalité. Alors que l’on a besoin d’un permis pour conduire, chasser ou pêcher, nul n’est besoin de permis ni de contrôle d’aptitude préalable, pour commettre un acte aux conséquences les plus importantes qui soient, qui impliquent une responsabilité maximale et engagent pour tout le restant de son existence : celui de donner la Vie.

Beaucoup seraient séduits par cette perspective d’un permis d’enfanter, ou de n’attribuer des allocations familiales qu’aux personnes dûment autorisées à concevoir un enfant, après examen de leur situation personnelle, matérielle et psychologique. Mais nous tomberions là dans le totalitarisme le plus abject. Qui déciderait de la capacité de tel ou tel, à enfanter ? Selon quels critères ? Faudrait-il stériliser les parents dont «on» aurait décidé qu’ils n’étaient pas capables, ou pas dignes (en vertu de quoi ?), de se reproduire ?

On le constate, un «permis de parentalité» ou la stérilisation et son cortège d’horreurs n’est pas la solution pour éviter que se reproduise un martyre similaire à celui du petit Lorenzo.

La solution passe avant tout, par l’éducation.

On ne naît pas parents. On le devient. Certains sauront presque instinctivement, s’occuper de leur enfant. Mais ils sont peu nombreux et bien souvent nous ne ferons que reproduire, plus ou moins correctement, ce que nos propres parents nous auront transmis- ou pas.

Pour ceux dont la transmission de la parentalité, pour diverses raisons, aurait été défaillante, peut-être serait-il judicieux de dispenser dès le collège, des cours de parentalité. Après tout, l’on dispense bien à nos chères têtes blondes -et brunes-, des cours de sexualité ! Ainsi à un âge où l’on peut déjà devenir parents, les ados seraient-ils responsabilisés sur les devoirs qu’implique le fait de donner la Vie, et seraient sensibilisés sur l’éducation d’un enfant, sa surveillance…peut être même deviendraient-ils incollables en matière de changement de couches culottes ! Et y réfléchiraient-ils à deux fois, confrontés aux conséquences de leurs actes, avant d’avoir des rapports non protégés.

Lorenzo n’aurait jamais dû naître. Il n’aurait jamais dû mourir.

A cet égard, on peut gloser sur les délais d’intervention anormaux des services sociaux, à épauler cette famille déjà signalée comme en dérive. Mais c’est oublier que l’administration est une grosse machine, lente et débordée. Et que la responsabilité de l’éducation appartient avant tout, aux parents.

C’est pourquoi la réaction du père de Lorenzo, entre machisme et déni de responsabilité personnelle, me révolte. Sans jamais se remettre en cause, cet individu a balayé d’un revers de main, son abandon du domicile parental et le fait de ne pas s’être soucié du sort de son propre fils : «je pensais qu’elle devait s’en occuper, c’est la mère». Pour ensuite annoncer «porter plainte contre les services sociaux, ils auraient dû nous aider».

Voici l’assistanat porté à son paroxysme. En «maternant» les citoyens, en les accompagnant plus que de raison dans tous les actes de leur vie, on en fait des êtres passifs, lobotomisés, qui attendent tout de l’Etat ou des services sociaux, sans jamais assumer la moindre responsabilité. Faisons des gosses, l’Etat fera le reste !

Etre parent c’est assumer une responsabilité. J’espère bien que la plainte du père de Lorenzo n’aboutira pas et que lui sera opposé le principe latin bien connu des juristes : «nemo auditur turpitudo…». Personne ne peut se prévaloir de sa propre turpitude. Ce qui renverra ce père défaillant et absent, à la responsabilité de ses propres carences.

En attendant que toute la lumière soit faite sur ton martyre, dors en paix, petit ange. Et fasse le Ciel que le triste exemple de ta mort, évite à d’autres bébés, de connaître ton terrible sort.

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